Hier, lundi 17 octobre 2016, se tenaient les États Généraux de l’Égalité dans les arts et la culture, organisés au théâtre des Célestins à Lyon, par l’association HF Auvergne-Rhône-Alpes. Durant tout l’après-midi, de nombreux acteurs et actrices de l’égalité sont venu.e.s sur scène pour échanger, débattre, présenter leurs recherches, leurs actions et bonnes pratiques, etc… Autant de moments forts, d’engagements, d’attentes, et d’objectif. Nous y étions (et oui, on a tellement de chance !), et on vous fait un compte-rendu.
L’ouverture de l’évènement a été faite par Mme Thérèse Rabatel, adjointe au maire de Lyon, en charge de l’égalité femmes – hommes et du handicap, et Mme Laurence Rossignol, Ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes. Elles ont rappelé que les chiffres sur la situation des femmes et des hommes dans la culture n’évoluaient pas suffisamment positivement depuis 2006, date du premier rapport chiffré sur cette thématique (pour lire le rapport Reine Prat c’est ici). La Ministre a également rappelé que la campagne « Sexisme pas notre genre » avait notamment pour objectif de promouvoir et développer le matrimoine français et aider les femmes et les filles à avoir des modèles féminins.
Ensuite, Mme Reine Prat, absente pour causes de problèmes familiaux, rappelait, à travers des notes lues par Mme Geneviève Fraisse (philosophe, directrice de recherche au CNRS) l’importance de la presse qui a largement relayé les informations de son premier rapport, et qui, depuis, s’autorise à parler du sujet et soulever les inégalités et sujets qui perdurent aujourd’hui en matière d’égalité femmes – hommes dans la société et dans la culture. Mme Claire Lamboley, représentante du Ministère de la culture, a profité du temps disponible pour annoncé le projet de labellisation Diversité et Égalité Professionnelle.
La première table-ronde de ces rencontres a porté autour de la thématique « Déconstruire l’inégalité », avec, comme intervenant.e.s (de gauche à droite sur la photo) : Mme Clarisse Fabre, journaliste « Le Monde », pour l’animation; Mme Catherine Vidal, neurobiologiste et directrice de recherche honoraire à l’Institut Pasteur de Paris; Mme Gaël Octavia, journaliste scientifique, autrice; Mme Sophie Deschamps, comédienne et membre élue de la SACD (et ancienne présidente de la SACD); M Yves Ribaud, géographe et membre du Haut Conseil à l’Égalité entre les Femmes et les Hommes (HCEFH).
Catherine Vidal a rappelé qu’aujourd’hui la science apportait toutes les preuves nécessaires démontrant que le déterminisme naturel n’existait pas, et qu’il fallait surtout voir les similitudes physiques et biologiques existantes entre les femmes et les hommes, et moins les différences. Gaël Octavia et Sophie Deschamps ont apporté de nombreux chiffres sur les inégalités femmes – hommes dans la culture, et ont montré que les chiffres maudits (80-20, dont nous parlons toujours dans nos interventions), étaient toujours présents et ne diminuaient pas. Amenant alors les intervenant.e.s à faire le constat d’un réel besoin de l’implication de l’état et des collectivités, notamment à travers la mise en place systématique de budgets publics sensibles à l’égalité. Yves Ribaud rappelait, notamment, que « dès la 6ème, les petites filles décrochent de l’espace public ». En conclusion de cette table-ronde, on retiendra la citation d’Einstein faite par Catherine Vidal, que nous avons beaucoup aimé : « Il est plus difficile de désagréger un stéréotype que de désagréger un atome« .
À la suite de cette table-ronde, Mme Delphine Naudier, sociologue spécialisée sur les questions de genre et de culture, a rappelé, au cours d’une conférence flash intitulée « La fabrique de la légitimité », que les jurys littéraires composés principalement de « profanes », de personnes non-issues du champ littéraire, décernaient plus souvent leurs prix à des autrices que les jurys de spécialistes issus du monde des lettres.
La seconde table-ronde portait autour de la problématique : « Construire l’égalité ». Pour cela, étaient invité.e.s (de gauche à droite) : Mme Gaëlle Abily, adjointe au maire de Brest en charge de la culture et membre du HCEFH ; M Alban Richard, chorégraphe et directeur du centre chorégraphique national de Caen; Mme Frédérique Joly, co-fondatrice de l’association Arty-Farty et du festival Nuits Sonores de Lyon; Mme Carole Thibault, actrice, metteuse en scène, comédienne et directrice du CDN de Montluçon.
Les intervenant.e.s ont insisté sur le fait que les inégalités femmes – hommes et l’invisibilité des femmes dans la culture étaient un enjeu démocratique, de liberté mais surtout problématique pour le public à qui il n’est proposé qu’une offre restreinte, uniforme, non-diverse, due au monotype d’auteurs représentés (partageant les mêmes références, les mêmes inspirations, les mêmes expériences, etc.).
Par la suite, le projet de Déclaration d’intention pour l’égalité réelle des femmes et des hommes dans la culture et la création artistique sur le territoire Auvergne-Rhône-Alpes a été présenté par l’association HF ainsi que par les futures structures signataires : la DRAC ARA, le Grand Lyon, la région ARA, et les villes de Lyon, Villeurbanne et Clermont-Ferrand. Cette déclaration n’ayant pas encore été ratifiée par l’ensemble des structures, nous ne pouvons encore pas la partager (mais nous le ferrons dès que possible).
Enfin, la journée s’est terminée par une conférence de Mme Genevière Fraisse : « La sexuation du monde, contretemps et dérèglement ». Elle a notamment rappelé l’importance de « la provenance » chère à Michel Foucault, dans la lecture et la compréhension des inégalités femmes – hommes actuelles.
Et, maintenant le plus dur reste à faire, place à la pratique !
Avec tout ça, on se dit forcément que… Égalité is coming ! 😉